Nord -Marc

LE TRESOR DE JEAN SANS TERRE A LEZENNES?

 

Cette gravure (fragment) tirée de l'Album de Croy en 1650, atteste de l'existence de l'extraction de pierres à Lezennes.

 

 

 

Lezennes est une petite commune tranquille proche de Lille et de Villeneuve d’Ascq. Si les anciens connaissent l’histoire de la ville et plus particulièrement ses souterrains, bon nombre de nouveaux habitants ignorent qu’ils vivent au-dessus d’une véritable taupinière creusée par l’homme au fil des siècles. Il est vrai qu’en surface, rien ne permet de soupçonner l’existence d’un impressionnant réseau de galeries et même d’un lac baptisé « bleu », qui n’a en réalité que les dimensions d’une grande mare et de couleur le gris !

C’est qu’il faut être initié, ou avoir fait l’emplette d’un livre « voyage au cœur de Lezennes » (*) pour connaître les carrières souterraines, ou encore avoir dans la famille l’un de ces garnements qui, avant l’arrêté municipal de 1985 interdisant les accès, s’étaient égarés parfois un certain temps, dans les méandres de ce monde de l’ombre éternelle.

On peut supposer que, dès le V ème siècle avant Jésus Christ, on employait la craie pour un usage agricole, or les terrains de Lezennes en sont riches. Quand la région devient romaine en 57 av. J.-C., des pierres blanches sont utilisées dans des constructions gallo-romaines, mais on ne peut avec certitude affirmer qu’elles proviennent de carrières souterraines. En réalité, on pense que l’exploitation des dites carrières remonte au XI ème siècle, notamment pour assurer la fourniture de matériaux de construction à Lille qui connaît déjà un développement urbain significatif.

Ce n’est qu’en 1461 que l’on trouve trace d’un écrit attestant l’extraction de la craie à Lezennes pour la construction du Palais Rihour de Lille.

Puis en 1581, les « Hurlus », protestants armés venus de Tournai, se cachent dans les entrailles de Lezennes pour préparer le siège de Lille, sans deviner, bien entendu, qu’ils seront peu après défaits par Jeanne Maillotte !

À la fin du XVII ème siècle, la citadelle de Lille est, à son tour, édifiée en partie avec des pierres de Lezennes.

Au cours de la révolution et des persécutions religieuses, les carrières sont utilisées pour dissimuler la nourriture et les animaux. On y célèbre aussi des messes clandestines.

Mais il faudra attendre le milieu du XIX ème siècle pour qu’une exploitation économique du lieu intervienne : on y cultive des champignons et la barbe de capucin, ce qui vaut une mémorable mésaventure à un restaurateur lillois. Monsieur Puy, en effet, spécialiste de la pièce de bœuf aux champignons, qui possède là une champignonnière, se perd dans les dédales de la carrière. On ne le retrouvera que trois jours après !

Un peu plus tard une production de craie phosphatée échouera. Et voilà qui marque la fin des carrières productives, sauf pour les champignons que l’on cessera de faire pousser en 1950.

Pour le reste, les carrières n’auront guère servi que de refuge pendant les guerres : d’abord en 1914 pour les habitants pendant le siège de Lille, puis en Mai 40 où l’armée irlandaise y installe une infirmerie, comme abri, enfin, jusqu’à la fin du conflit, contre les bombardements.

 

Un trésor y est-il caché ?

 

Mais le plus surprenant de l’histoire des carrières de Lezennes, consiste en une légende, celle du trésor de Jean sans terre. En 1214, c’est la bataille de Bouvines, qui se termine sur une victoire française contre une coalition de l’empereur D’Allemagne, du roi d’Angleterre Jean sans terre et du Comte de Flandre.

Dans la déroute, le roi d’Angleterre aurait caché, pourquoi pas dans les sous-sols de Lezennes toute proche, un trésor de 400 000 marcs or, à l’origine destinés à financer une armée de mercenaires.

Mais il ne s’agit là que d’une légende sans doute !

En revanche, les dangers que constituaient les souterrains de Lezennes, pour les chercheurs téméraires et aventuriers de tous âges, ne relevaient plus de la légende aux temps modernes : en 1948, quatre jeunes et un enfant se perdent dans les galeries, en 1969 six jeunes gens que l’on mettra 34 heures à retrouver, en 1982 deux adolescents. De quoi inquiéter l’administration municipale qui, en 1985, publie un arrêté d’interdiction de visite des lieux.

Aujourd’hui il faut attendre les journées du patrimoine, pour descendre dans le ventre de Lezennes.

 

(*) Publié par le cercle de recherche historique Lezennois. En vente 20 euros. S’adresser 10 rue Abbé Boulier 59260 Lezennes.

 

 

 

 



16/01/2011
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