Nord -Marc

EECKE, LA CITE ENGLOUTIE (II)

 

L'aspect du littoral de la Manche et de la Mer du nord à l'époque des Mérovingiens ( 5 ème au 8 ème siècle)

 

 

Le retour des flots dans la plaine de Flandre maritime, évoqué dans l’article précédent, contrairement au glas de Merckeghem, n’est pas, lui, une légende.

Dans une pâture appelée Eeckhout, au bas de Merckeghem, on a découvert en 1860, des vestiges de constructions antérieurs au Vème siècle, mais rien qui prouve la présence d’un habitat quelconque après cette date approximative. Et pour cause ! Il semble, en effet, qu’une transgression se soit produite au Vème siècle de notre ère, dans l’actuelle Flandre maritime, noyant des zones peuplées et, pourquoi pas Eeck. Le terme transgression désigne pour les spécialistes, une invasion maritime significative. Quand l’eau se retire, il s’agit d’une régression.

Les scientifiques et les historiens s’accordent à dire qu’au V ème siècle, la plaine maritime est envahie par la mer : la deuxième transgression dunkerquienne dans un triangle dont les sommets sont Calais, Nieuport et Saint-Omer. Il apparaît donc évident que la mer est venue lécher le bas de la falaise de Merckeghem.

 

La première transgression se serait déroulée il y a plusieurs milliers d’années, un écrit de Strabon datant de 28 avant Jésus-Christ explique que les marées hautes de la mer du nord avaient gagné la plaine en profondeur, obligeant les gens à concentrer leur habitat sur des petites îles. La mer s’était retirée, mais à n’en pas douter, pour revenir au V ème siècle. Elle ne régressera qu’au VIIIe siècle, sans doute suite à un réchauffement climatique.

Entre le V et VIIIe siècle la Flandre maritime n’était qu’un lac intérieur parsemé d’îlots souvent boueux.

Mais comment peut-on expliquer cette deuxième transgression, finalement proche de nous, et qui semble avoir été brutale ?

D'abord, il faut se rappeler que la plaine est là au même niveau que la mer. Par endroits, elle est même plus basse. Au village « Les Moëres », pas très loin de Merckeghem, on se situe à environ deux mètres sous le niveau de la mer.

En fait, il peut y avoir deux origines à la transgression.

 

Dans un premier cas, on peut supposer une combinaison de plusieurs phénomènes : des marées exceptionnelles qui s’engouffrent dans l’estuaire de la AA. Marées accompagnées de tempêtes, elles-mêmes, assorties d’un véritable déluge pendant plusieurs jours. Cela peut suffire à noyer la plaine d’autant que les dunes semblaient être inexistantes à l’époque, tout au plus moins élevées qu’aujourd’hui. Dans cette hypothèse, l’invasion s’opère lentement, quelques jours, quelques semaines.

 

On peut imaginer une seconde cause à cette transgression, moins probable, mais que l’on ne peut exclure. On a la certitude qu’il s’est produit des tremblements de terre sévères, l’un en 1382, l’autre en 1580, dont l’épicentre se situait dans le détroit de Calais. Imaginons qu’il s’en soit produit un au Vème siècle dont l’épicentre se serait situé au même endroit. Dans ce cas, il aurait très bien pu provoqué un mini tsunami à l’origine de l’invasion par l’eau de la plaine et de ses groupes d’habitations.

Eecke aurait ainsi disparu sous la mer….

Quant à l’histoire du glas et donc des cloches, à l’origine de la légende… je l’aborderai dans un troisième et dernier article.

 

A SUIVRE



28/01/2011
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